Bản tin.
Nguyễn Ái Quốc chết trong tù được tuyên bố 09 tháng 8
năm 1932 vì bệnh lao.
20191110 Nguyen Ai Quoc Est Mort Emprisionné 09 Août 1932
L’HUMANITÉ: NGUYEN AI QUOC, LE VAILLANT FONDATEUR DU PC INDOCHINOIS EST
MORT EMPRISONNÉ [1932]
[ndlr] Depuis quelques jours,
l’itinéraire si particulier du révolutionnaire Nguyên Ai Quôc est de nouveau
questionné sur la toile. Celui qui deviendra la Président Hô Chi Minh serait
mort à Hong-Kong en 1932 comme le rappelle cet article du journal L’Humanité, publié à l’époque et désormais
disponible sur Gallica. Autant dire que cela jette le trouble sur l’itinéraire
marqué de zones d’ombre de cette personnalité mondialement connue, qui pris le
soin de rédiger par deux fois sa propre biographie sous des pseudonymes. Si le
décès de Quôc en 1932 était avéré cela constituerait une révolution à la fois
historique et historiographique mais rien n’est moins sûr. Ce dossier aux
allures de “théorie du complot” remue la blogosphère vietnamienne depuis dix
ans lorsqu’un chercheur taïwanais publia en 2008 une biographie
controversée et contestée sur Hô Chi Minh/Nguyên Ai Quôc affirmant qu’il
s’agissait de deux hommes différents. Qu’en pensent les biographes renommés
(Pierre Brocheux1,
William Duiker, Daniel Hémery, Sophie Quinn-Judge…) ? L’Humanité a-t-il publié un démenti plus tardif ?
Seule l’ouverture des archives vietnamiennes (et
éventuellement chinoises) accompagnée de la liberté académique dans ces deux
pays permettront d’éclairer les zones d’ombre qui jalonnent l’itinéraire de ce
personnage historique.
Avec le recul et la prudence nécessaires, nous
proposons aujourd’hui ce document-source étonnant comme contribution à
l’histoire.
L’Humanité du vendredi 19 juin 1931 (28e année, n°
11875) rapporte l’arrestation de Nguyên Ai Quôc à Shanghai. Il s’agit en
réalité de Hong Kong. Texte de l’article reproduit ci-dessous:
Les impérialismes solidaires
Les Anglais arrêtent à Shanghaï le
révolutionnaire annamite N’Guyen Aï Quoc
Les dépêches annoncent
que la police anglaise a arrêté à Shanghaï le communiste annamite Nguyen Ai
Quoc, ainsi qu’un Français du nom de Serge Lefranc (?).
La presse bourgeoise célèbre cette “importante capture”.
Il est certain que Nguyen Ai Quoc, qui milita en France pour
l’adhésion de notre Parti à la Troisième Internationale et poursuit, depuis dix
ans, une action énergique pour l’organisation de ses frères annamites, est l’un
des meilleurs pionniers du mouvement communiste mondial.
Nous le saluons au moment où, comme Tao, il est frappé par la
répression internationale.
L’impérialisme anglais de McDonald est ici en collaboration
étroite avec l’impérialisme français, servis par nos chefs socialistes
nationaux.
Mais nos adversaires délirent lorsque M. Jean Tourène, du Journal, ils
affirment que l’arrestation en Chine de Nguyen Ai Quoc va arrêter le mouvement
annamite.
Pas plus celle que Tao, pas plus celles que les fusillades du
Premier Mai et les déportations en masse, l’arrestation de Nguyen Ai Quoc ne
brisera l’élan révolutionnaire des travailleurs indochinois. Celui-ci a une
base sociale trop solide.
C’est au contraire la révolution annamite qui, en chassant
l’oppresseur, glorifiera les courageux camarades qui, comme Tao, comme Nguyen
Ai Quoc et des milliers d’autres se sont dévoués à la cause des travailleurs
d’Indochine.
Dans L’Humanité du mardi 9
août 1932 (29e année, n° 12292), sa mort est annoncée et un hommage lui est
rendu. Texte de l’article reproduit ci-dessous:
Luttons pour libérer l’Indochine
Nguyen Ai Quoc, le vaillant fondateur du PC
Indochinois est mort emprisonné
Nguyen Ai Quoc, fondateur du Parti communiste indochinois
emprisonné par l’impérialisme britannique, de complicité avec l’impérialisme
français est mort de la tuberculose à l’infirmerie de la prison de Hong Kong.
Militant héroïque, il ne cessa durant toute sa vie de se
dépenser sans compter pour faire pénétrer le communisme dans l’Indochine
opprimée par le fer et par le feu par l’impérialisme français ; pour grouper
les masses ouvrières et paysannes pour la lutte libératrice.
Il fonda le Parti communiste indochinois qui fut à la tête des
luttes des ouvriers et des paysans, et qui malgré la terreur que fait régner
l’impérialisme, les conduira, avec le soutien actif du prolétariat de France, à
la victoire.
L’impérialisme a assassiné Nguyen Ai Quoc, mais il ne réussira
pas à étouffer la lutte du peuple indochinois pour sa libération. Il vient
d’interdire la plantation du riz pour « remédier» à la crise économique, mesure
qui n’aura d’autre effet que d’accentuer la famine ; il vient d’incendier le
village de Son Duong, jetant ainsi 64 familles sur la route. Mais 2.000 coolies
licenciés des plantations de caoutchouc ont organisé une marche de la faim sur
Saigon.
L’impérialisme français a assassiné Nguyen Ai
Quoc, mais malgré les milliers d’arrestations de vaillants communistes,
d’ouvriers et de paysans qui ont lutté pour leur droit à la vie et pour leur
libération, notre Parti communiste frère d’Indochine reste inébranlable à la
pointe du combat. Des dizaines de nouveaux militants et
révolutionnaires se lèvent pour continuer l’oeuvre de Nguyen Ai Quoc.
Au moment même où l’Impérialisme assassine Nguyen Ai Quoc dans
ses prisons, l’héroïque Parti communiste d’Indochine lance son programme
d’action qui sera le guide de millions d’ouvriers et de paysans dans leur lutte
contre l’impérialisme français.
Le comité central du Parti communiste français, en s’inclinant
devant la dépouille du chef communiste Nguyen Ai Quoc, salue avec enthousiasme
le programme d’action du Parti communiste indochinois, signé de son comité
central provisoire qui continuera et amplifiera la lutte commencée avec Nguyen
Ai Quoc.
Ce document montre le degré de maturité auquel est parvenu notre
jeune parti frère. Il prouve qu’en dépit d’une répression dépassant en horreur
les plus sauvages atrocités des débuts du colonialisme, en dépit des monstrueux
massacres de Nghe Tinh et de Nghe An, en 1930, l’impérialisme français n’a pu
empêcher notre Parti frère d’Indochine de grandir, de se renforcer, de se lier
chaque jour plus profondément a la lutte du peuple indochinois, aux prolétaires
avant tout.
L’impérialisme français vient d’assassiner à la prison de Saïgon
notre camarade Likvey, secrétaire du Parti communiste et de faire mourir en
prison le fondateur de ce parti.
Le Comité central du Parti communiste Indochinois lui répondra
par le développement, de son programme d’action qui libérera l’Indochine des
vampires impérialistes et de leurs soutiens, les socialistes français et les
féodaux bourgeois indigènes.
L’Humanité publiera
des extraits du programme d’action du P. C. I.
Le Comité central du Parti communiste français appelle la classe
ouvrière française à renforcer son alliance de combat avec le peuple
indochinois, affamé et torturé, dans une lutte accentuée contre l’ennemi commun
: l’impérialisme français.
Il demande particulièrement aux ouvriers socialistes d’entrer
dans ce front, unique anti-impérialiste et de s’écarter de la voie sanglante du
colonialisme où veut les entraîner leur parti, celui de Varenne, cette voie
hideuse des têtes coupées réclamées par la fédération socialiste du Tonkin
après Yen Bay et après l’insurrection du Nord-Annam.
Il demande aux soldats et aux marins français, coloniaux et
légionnaires, eux aussi ouvriers et paysans, de ne jamais oublier que
l’ouvrier, le coolie, le nha-qoué [nhà quê, paysan] d’Indochine sont leurs
frères et que leurs vrais ennemis sont les oppresseurs de ce peuple martyr qui
les envoient mourir sous un climat meurtrier pour les seuls intérêts des
capitalistes français, des rois du caoutchouc, de l’industrie, de la banque.
Au moment où notre parti frère publie son programme d’action,
puisons dans l’exemple de nouvelles forces pour soutenir leurs luttes
libératrices et mener la nôtre propre en renforçant sur tous les terrains notre
action révolutionnaire contre notre propre impérialisme.
Articles évoquant cette polémique:
·
Lâm Bình Duy
Nhiên, Nguyễn Ái Quốc có phải là Hồ
Chí Minh?, Dan Chim Viet, 28/08/2018.
·
Nguyễn Duy
Chính, Nhận xét về cuốn Hồ Chí Minh
Sinh Bình Khảo, Geocities, 31/12/2008 et sur le site de la BBC Vietnam.
·
Nguyen Thi Co
May, Cũng nên nói thêm một lần nữa:
Năm 1932, Hồ Chí Minh chưa chết đâu!, Dân Làm Báo, 07/09/2018.
·
Nguyen Van Huy, Những chứng-cớ lịch-sử bịp bợm của ‘Hồ Chí Minh sinh bình khảo’ (Blog
entièrement consacré à cette question).
·
Trần Bình Nam, Một nghi án lịch sử : Nguyễn Ái Quốc và Hồ Chí Minh: một hay hai
người?, Geocities, Feb.
26, 2013. Voir aussi les autres liens vers les articles contestant la thèse
défendue dans l’ouvrage taïwanais.
Principales biographies sur Hô Chi Minh:
·
Brocheux, Pierre, Ho
Chi Minh, du révolutionnaire à l’icône, Paris, Payot, Biographie
Payot, 2003. [sur la “fausse mort” à Hong Kong, voir p. 94]
·
Hémery, Daniel
[1990], Ho Chi Minh, de l’Indochine au Vietnam, Paris,
Gallimard, Découvertes Gallimard, 2013, nouvelle édition.
Nous invitons nos lecteurs/trices à relire
également outre les biographies mentionnées ci-dessus l’ouvrage collectif édité
en 1990 intitulé en français : Ho Chi Minh, l’homme et son
héritage, Paris, Đường Mới La Voie Nouvelle, 1990 et en
vietnamien : Hồ Chí Minh. Sự thật về thân thế và sự nghiệp, Paris,
Nhà Sách Nam Á, 1990.
FG
MàJ 03/10/2018
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